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• 1690; « espagnol » XVe; esp. marrano, t. d'injure, « porc » (Xe), ar. moharramah « chose interdite par la religion »♦ Didact. Juif d'Espagne ou du Portugal converti au christianisme par contrainte, et resté fidèle à sa religion. — Adj. Un aïeul marrane.⇒MARRANE, subst. masc.Juif ou descendant de juif d'Espagne ou du Portugal, converti au christianisme, mais resté secrètement fidèle aux croyances et aux pratiques juives ancestrales. Je puis me vanter de l'être [vieux chrétien], tout pauvre que je suis, quand il y a tant de gens plus riches que moi qui sentent le marrane (MÉRIMÉE, Mosaïque, Lettres Esp., 1833, p.323). Descendant de Siméon Lévy, l'un de ces marranes espagnols qui vinrent de Tolède à Bayonne après l'édit de tolérance d'Henri II, vers l'an 1550 (VOGÜÉ, Morts, 1899, p.25). V. infra ex. de Poliakov.Rem. ,,L'appellation de marranes s'est récemment généralisée: on l'emploie à propos des juifs d'Union soviétique, qui subsistent tels sous un vernis marxiste-léniniste. On l'applique parfois également à des juifs ayant connu un destin comparable — une conversion forcée — en terre d'islam`` (Encyclop. univ. t. 19 1975, p.1219).— Emploi adj. Relatif, propre aux marranes. Tradition marrane. De Pourim, les Marranes ne conservèrent que le jeûne d'Esther, dont le rituel juif fait très peu de cas, mais qui devint un thème central de foi marrane (L. POLIAKOV, De Mahomet aux Marranes, Paris, Calmann-Lévy, 1961, p.237).— P. ext. Traître, renégat (cf. VOGÜÉ, op. cit., p.31).Prononc.: [
]. Étymol. et Hist. 1. XVe s. marran, maran «juif ou Maure converti au catholicisme» (Valenciennes, ap. LA FONS, Gloss. ms., Bibl. Amiens ds GDF.); ca 1508 marrane (J. D'AUTON, Chron. [ms. BN] 5082, f° 13 v°, ibid.); 2. 1557 marrane adj. p. ext. épithète injurieuse à Espagnol (O. DE MAGNY, Souspirs, sonn. 149 ds HUG.); 1584 subst. «Espagnol» (Fr. D'AMBOISE, Les Neapolitaines, II, 8 ds Anc. théâtre fr., t. 7, p.285). Empr. à l'esp. marrano «porc» (965 ds COR.), puis «juif ou Maure converti au catholicisme» (XIIIe s., ibid.), par sarcasme pour ceux-ci en raison de la répugnance qu'ils éprouvaient pour la viande de porc. L'esp. marrano est empr. à l'ar.
(ar. d'Espagne
) «ce qui est défendu, illicite» (en partic. dans le lang. relig.), dér. de
«défendre, prohiber, déclarer illicite; exclure, excommunier» (v. COR.; FEW t. 19, pp.113-114). Bbg. KIDMAN (J.). Les Empr. lexicol. du fr. à l'esp. des orig. jusqu'à la fin du 1e s. Paris, 1969, pp. 172-177.
marrane [maʀan] n.ÉTYM. 1690; « espagnol », XVe; esp. marrano, t. d'injure, « porc » (Xe), arabe moḥarramah « chose interdite par la religion ».➪ tableau Mots français d'origine arabe.❖♦ Didact. Juif d'Espagne ou du Portugal converti au christianisme par contrainte, et resté fidèle à sa religion.♦ Adj. || « J'avais eu des aïeuls (sic) marranes; ils s'appelaient Acevedo et étaient de souche judéo-portugaise » (Interview de J.-L. Bory, in le Nouvel Obs., 14 nov. 1977, p. 146).0 (…) ces disciples (…) permettent à Spinoza de mener au cours de longues années un dialogue philosophique où il prend de mieux en mieux conscience de lui-même et des implications de sa pensée; dans ce dialogue, certes, il ne se livre jamais tout entier (son cachet porte comme devise : caute, « Méfie-toi » — Spinoza descend des Juifs Marranes…)Robert Misrahi, Spinoza, p. 18.
Encyclopédie Universelle. 2012.